vendredi 17 juillet 2015

Dans les murs de l’homme-éléphant

François et ses partenaires ont travaillé sans relâche. Mais, ça y est, Ganesha n’est plus sans-abri… A défaut d’avoir un toit. Nous avons notre décor de cinéma.

« Une belle étape ce soir ! » Oui, Bernard Dujourdy -alias Shiva- tu as raison. Ce jeudi 16 juillet, c’est un peu comme si Ganesha avait vraiment démarré (toutes les photos à retrouver ici). Ne lésinant ni sur l’effort, ni sur le temps, François, et son partenaire Jacky, ont construit la réplique exacte de nos gribouillis en taille réelle, parfois au centimètre près. Le résultat : un décor de cinéma, une salle pour être plus précis, de 5 m sur 6 m et de 2,60 m de haut. Le tout bourré de petites surprises qu’il serait bête de dévoiler ici. Il a fallu une journée entière pour monter chaque panneau de bois finement mis au point depuis des semaines, rectifier chaque charnière et au moins quatre à cinq personnes affairées en continue. Marc, Arnaud, Brendan, Pierre, Akim, Catherine, Jean-Marie… Acteur, coordinateur, régisseuse et bricoleur ont formé la légion besogneuse du dieu Ganesh.

Seule la vue du résultat et cette sensation incroyable d’entrer dans un Tardis en chantier quand on tourne la serrure, peuvent vraiment permettre de prendre conscience de l’importance des lieux. C’est la première fois que j’ai un tel jouet à ma disposition. Et entièrement en matériau de récupération s’il vous plaît ! Chapeau messieurs, vraiment.

Les décors de Ganesha ne sont pas un (nouveau) caprice du petit gars en casquette qui sert de réal'. Juste la clé de notre entreprise. On a souvent tendance à minorer leur rôle dans une fiction, en particulier en catégorie amateur. Et quand on débute, on les prend pour ce qu’ils sont, dans l’état où on les trouve, sans tenter de les personnaliser. Par manque de temps, de moyen, ou un surplus d’enthousiasme mal géré qui fait que, sur le moment, on trouve tout parfait. Cela ne vous étonnera pas si je vous dis que cela constitue une erreur. Je l’ai appris à mes dépens.


DE L'IMPORTANCE DES DECORS
Pourtant, comme toujours, l’exemple de nos aînés devrait suffire à nous jalonner le terrain. Qu’aurait été l’expressionnisme allemand sans ses fameux décors ? Ce soin apporté à déformer notre vue et notre pensée ? Au début des années 90 démarre le tournage de Blade Runner. L’équipe a déjà du retard sur le planning quand le premier jour arrive. La faute aux décors exigés par Ridley Scott. Le Londonien cherche la perfection. Il est prévu de griller les premières bobines dans la salle d’accueil de la Tyrell corporation. Deckard doit y effectuer un test sur une humaine (ou pas). La salle, ses colonnes, sa baie vitrée… tout baigne dans un magnifique orangé. Les ouvriers ont travaillé jour et nuit. Là, Ridley se pointe, pour checker le plateau. Il demeure insensible aux charmes de l’imposante pièce. Il fait la moue et bloque sur les quatre piliers qui jalonnent la salle. « Ils sont à l’envers », lance-t-il. « What ? », rétorquent les techniciens. « Les colonnes. Vous les avez mis à l’envers. Vous avez mis le haut en bas et le bas en haut. Retournez-les. » Deux mots pour deux jours de travail. Bouger les colonnes oblige les décorateurs à refaire le sol, presque entièrement, à polir et nettoyer chaque carreau du revêtement (qui contribue à donner à la scène cette lumière si particulière, vibrante presque). Bilan : du retard qui s’accumule mais un réalisateur, au vu du résultat, qui avait raison.

Heureusement, François n’aura pas à craindre ce genre de « changements ». Déjà parce que le décor de Ganesha n’a pas de colonnes. Ensuite, parce que je ne suis pas Ridley Scott. Enfin, parce que ce que nous avons aujourd’hui répond parfaitement à nos besoins.

Cela reste tout de même toujours une surprise… que les gens nous suivent et se donnent autant. Quand, un soir de mai, j’ai annoncé qu’il me fallait quelques bras pour construire un véritable décor de cinéma, j’appréhendais. Nous avons connu de sacrés chantiers. Nous avons fait construire par le passé une croix de Jésus de 2,10 m, un fauteuil à spiritisme, une hache à balancier (merci papa), un hypno-gun, des gants de peau humaine, un nécessaire à super-héros, une bombe (Pierre Devann si tu nous lis…)… Mais rien d’aussi imposant.

PROCHAINE ETAPE
Là encore, ce n’est pas le fait de faire qui est prépondérant mais pourquoi le faire. Dès la première idée, les décors faisaient partie intégrante de Ganesha, à la fois hommage au personnage, à ses mondes et mécanisme cinématographique. Il est si facile d’écrire « Et là le mur s’ouvre » sur un bout de doc Word…

Désormais, nous avons passé le point de non-retour. Il faudra que le film se fasse coûte que coûte. Il apparaît impensable que tout ce travail n’ait servi à rien. Néanmoins, point d’excès d’enthousiasme. Il reste de nombreuses étapes et d’autres défis à relever. Peindre la salle (via Monsieur Alex de A4 créations), la décorer, lui donner une histoire, la faire respirer au rythme de son hôte… Cela, c’est la prochaine étape Bernard.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire